Nathalie Balla réalise des choses impressionnantes avec la grâce d’une attitude discrète et simple. Avec son coéquipier Eric Courteille, elle a pourtant ré-inventé la Redoute, magnifique histoire française qui perdait souffle, convaincu le groupe Kering, les salariés, et les clients à nouveau …puis les Galeries Lafayette fleuron familial qui fini de valoriser ce bijoux, pionnier de la vente à distance à l’heure de l’e-commerce.
Cette femme devenue entrepreneur a pris des risques et un challenge hors-norme à bras le corps, en se tenant devant, avec des décisions et des stratégies qui ont poussé l’activité vers la modernité, tout en prenant le temps de se mettre à hauteur d’homme avec les salariés (ils détiennent une part du capital). Le Nord n’a pas renoncé à son industrie textile, et Nathalie fait partie de ceux qui n’ont pas lâché la rampe.
Quel est le rapport aux vêtements de cette hyper efficace maman de trois enfants aux racines germano-hongroises ? Voilà quelque chose qui intéresse detoujours.
Isabelle Crampes
Votre vêtement d’été DE TOUJOURS
C’est la robe. L’été pour moi c’est la légèreté d’une robe, sa fluidité et sa féminité. Je n’ai pas de coupe en particulier. J’aime bien les vêtements essentiels et classiques, comme la robe chemisier, qui selon la façon dont elle est accessoirisée, peut être soit sportive soit féminine. Mais aussi des robes d’été, de plage donc vraiment tout type de robe. Mais peut être la robe chemise en particulier.
Votre vêtement d’hiver DE TOUJOURS
J’adore les manteaux ! J’ai vraiment un faible pour eux, en particulier ceux qui sont fait en une belle matière. J’ai un Dries Van Noten depuis déjà 5/6 ans mais je pense que je n’arriverais jamais à m’en défaire. Il a une forme incroyable, des manches un peu bouffantes, une ceinture et il est fait dans une belle laine qui est juste incroyable. Donc le manteau c’est un peu ma pièce fétiche de l’hiver.
Une habitude DE TOUJOURS qui vous est indispensable
Le petit déjeuner en famille. Alors ça c’est une habitude qu’on a, c’est le moment sacré de la journée. J’ai repris La Redoute, c’est l’histoire d’une vie, c’est l’entreprenariat, ça vous habite jour et nuit et donc on pourrait en oublier finalement l’importance de la famille. Donc il y a ce moment un peu sacré chez nous qui est le petit déjeuner tous ensemble à discuter et à partager, c’est vraiment important.
Qui plus est La Redoute transmet des valeurs familiale, depuis toujours vous avez des vêtements pour l’homme la femme et pour l’enfant…
Oui c’est vrai qu’on est une marque qui est ancrée dans la famille, le catalogue était sur la table de chaque foyer français. Je me rappelle de ces catalogues dans lesquels on faisait les petits coins dans les pages pour montrer aux parents les produits qu’on voulait, donc oui c’était une marque familiale et ça l’est resté.
Votre sac increvable, celui qui traverse les époques
Alors j’ai longtemps eu un Balenciaga mais qui s’est crevé [rire] et c’est vrai que depuis je suis toujours en errance. J’ai pas retrouvé le sac parfait. Je me suis mis en tête qu’il fallait pas que je reprenne un Balenciaga alors j’ai eu un Zadig & Voltaire avec une tête de mort dessus et des cornes en métal qui cassaient tout. Je l’adorais mais ça fait longtemps que j’ai pas retrouvé le sac fétiche en fait. Ce sera peut-être un De Toujours, il faut que je regarde ça sur le site !
Votre pièce la plus chic DE TOUJOURS
Alors bizarrement c’est une ceinture, c’est une très belle ceinture en cuir avec comme fermeture une fleur en métal, mais une fleur design. C’est une pièce que j’adore car justement elle va sur des pièces très essentiels de toujours , et permet de donner le décalage nécessaire pour que la pièce prenne un peu de sublime.
La pièce que l’on vous a transmis et celle que vous allez transmettre
Alors le vêtement qu’on m’a transmis c’est un manteau [rire]. C’est le manteau que mon papa portait quand il a fui la Hongrie en 1956 et c’est un peu une pièce qui représente la liberté, l’accès à l’Université. Il a fui la Hongrie car en temps que bourgeois il n’avait pas accès aux études. Il est fait dans une super matière, par un couturier, et je pense qu’il pourrait être transmis à mes fils.
La pièce qui se rapporte à vos origines
J’avoue que là je ne sais pas… Disons que ma mère portait toujours de grandes boucles d’oreilles et même si je n’en porte pas aujourd’hui, j’ai un peu tendance à porter des grandes boucles d’oreilles. Elle a dû m’influencer. Mais c’est vrai que c’est une question pas facile..
Vous avez donc des origines de l’Europe de l’Est ?
Mon papa est Hongrois et ma maman est Allemande. Ils se sont rencontrés à Paris et ils ont continué à vivre en France, ce qui fait que mon frère et moi sommes français.
La pièce de votre garde-robe dont vous ne pourriez vous séparer
La première pièce de designer que j’ai pu me financer avec mes premiers salaires, c’est un saroual de Jean-Paul Gaultier bleu avec des points orange. Et cette pièce là je ne la vendrai et ne la jetterai jamais car c’est la première fois que j’ai pu me payer et avoir accès à une belle pièce de couture, un peu originale. Pour moi ça représentait l’accès au « beau »et à la haute couture mais finalement indémodable car je peux toujours la mettre aujourd’hui.
L’éternel sexy c’est…
Les chaussures à talons. C’est un peu banal comme réponse mais je trouve qu’une femme avec des chaussures à talons, quels que soient les vêtements qu’elle porte ça rend la tenue sexy.
Votre repère DE TOUJOURS
On a tous un K-way à la maison. Et c’est marrant parce que c’est pas spécialement une pièce mode à la base, c’est vraiment une pièce de toujours, mais qui redevient tendance en plus, et qui est super pratique. Je pense que j’ai deux ou trois K-way à la maison. Mes enfants en portent, mon mari en porte, et c’est une pièce hyper pratique et indémodable.
Votre égérie DE TOUJOURS
Alors j’ai deux égéries, j’aime pas trop le terme égérie mais j’ai deux femmes qui m’ont vraiment marqué.
D’une part Alexandra David-Néel, c’est une femme qui étudiait l’Asie dans les années 20 et qui est parti seule au Tibet. En tant que femme dans ces années là ça relevait de l’exploit, c’était une aventurière.
Et l’autre femme qui m’a marqué mais plus au niveau de la mode, c’est Coco Chanel. Elle s’est affranchi des codes, a osé vivre la mode différemment et a libéré la femme grâce à sa vision de la mode.
Jeune, qu’est ce qui vous plaisait dans la mode ?
Pour moi la mode c’est la création, c’est à la fois un art et un savoir-faire. Il faut être un artisan pour bien travailler la mode, il faut maîtriser la couture, le stylisme, le modélisme, donc c’est à la fois ce savoir faire, cette précision et à la fois cette création, cette ouverture, qui me plaisent. Et cette capacité à ré-inventer et casser les codes en permanence.
Interview menée par Sihem Bioud