Le bombers MA-1

Voici le blouson qui a été tellement récupéré par la mode qu’on en oublie jusqu’à son origine, comme s’il avait toujours fait partie du vestiaire masculin. A l’instar du Harrington, vêtement de sport conçu pour le golf, le Bombers vêtement de métier, a été fabriqué pour les pilotes.

Mais c’est grâce à l’underground British qu’il réussira à conquérir le monde et acquérir définitivement sa « street credibility » dans sa deuxième vie. Comme une cerise sur le gâteau complémentaire à son image de courage et de sexitude qui lui collait déjà à la peau grâce à son aura de blouson de pilote. 

Son nom de code militaire est le MA-1, dessiné par et pour l’US Air Force et historiquement produit par Alpha Industries. Il a gardé son apparence d’origine, destiné à son usage premier qui est celui d’équiper un pilote de chasse.

Bien sûr il a évolué avec les avancées technologiques en matière de textile, mais toujours dans un souci de performance : souplesse, chaleur, imperméabilité. Son nylon haut de gamme, conçu pour l’extrême (-5°C), fourré avec une couche de polyester, inégalable dans son rapport légèreté/chaleur. Débarrassé du col de son ancêtre le B15 (Bombers Injector), grâce à l’évolution des avions et de leur cockpit mieux isolé, le MA-1 va séduire le grand public dans les années 60.

D’une part, la médiatisation de la guerre du Vietnam qui fracasse une partie de la jeunesse américaine (jamais une guerre n’aura été autant filmée) et d’autre part, le paradoxe de l’antimilitarisme massif qu’elle déclenche par solidarité à ces jeunes soldats perdus dans les rizières, vont populariser les blousons auprès des jeunes civils, parce que ces jeunes soldats les portent encore de retour au pays. Les soldats et la jeunesse américaine partagent la même culture musicale et le même sens du cool, ses anti-héros, qui bouleversent l’Amérique, sont des icones. Le Bombers et la veste M65, sont devenus un must have, on le détourne, on le rachète dans les stocks de deuxième main.

Alpha Industries constatant ce succès décide de le commercialiser au grand public, ainsi qu’à d’autres armées européennes. C’est le début de la légende du bombers dans la culture populaire mondiale et son ancrage générationnel définitif.

La jeunesse anglaise qui prend le leadership du style et de la musique dans les années 60 va entièrement se l’approprier.

Les Mods, un des mouvements les plus marquants (avec les rockers), dont des dissidents forment le mouvement skinhead, puisent leur inspiration dans la musique noire américaine, seule source valable à leurs yeux. Ils adoptent le look américain en hommage à leurs idoles.

A la fin des années 70 et le début des années 80, les films culte d’après-guerre du Vietnam (Apocalypse Now – F.F Coppola, Voyage au bout de l’enfer – M. Cimino, Platoon – O.Stone, Full métal jacket – S.Kubrick etc.) et le revival mode vont finir de faire durer indéfiniment sa légende.

La mode urbaine anglaise ayant longtemps été LA référence absolue de l’avant garde, les créateurs n’ont cessé de s’inspirer de ses références, le bombers étant l’une des plus fortes. C’est grâce à la mode qu’il va alors commencer à se détacher de la mauvaise image qui lui colle à la peau à cause des skinheads qui en avait kidnappé la référence aux Mods, leurs ennemis.

Il revient en force à Hollywood dans les années 80 sur Steeve McQueen (Le Chasseur), ou sur Tom Cruise (Top Gun), qui lui redonnent un lustre après cette mauvaise réputation skinhead et finissent de l’installer comme un succès « mainstream ».

A l’honneur sur les papiers glacés des magazines de mode et sur le dos des leaders du mouvement Hip Hop s’habillant over size, le bombers est crédible et respecté partout.

Par cycle il revient inlassablement depuis sans jamais perdre son élégance initiale destinée au pilote, et consacré icône de la culture pop.

Pharrell Williams, Jay Z, Beyoncé, Cara Delevingne… C’est un basique pour tous et il vient de chez Alpha absolument !