Une étiquette bien française pour un vêtement traditionnel typiquement chinois, toujours fabriqué en chine, voilà la drôle d’histoire de l’Anti Cher : héritage direct de l’appropriation massive du bleu de chine par les populations de tous les ports de la méditerranée et particulièrement sur les côtes de France et du Maghreb.
Dans les années 30, un français associé à un chinois importent sous leur marque destinée au marché francophone des colonies, des milliers de ballots du fameux « bleu de Shanghai », celui des paysans et travailleurs chinois.
Ils répondent simplement à la demande et au succès foudroyant de ce modeste uniforme connu par ici depuis des temps ancestraux grâce à la route de la soie qui passe aussi par le bassin méditerranéen. Les navires chargés de marchandises venus de Chine sont une grande partie du trafic de la marine marchande en méditerranée.
L’uniforme est distribué sur le marché oriental par l’ancêtre français du propriétaire actuel, qui est le premier surpris dans les années 70 quand la mode du bleu de Chine devient tout à coup culturelle et très parisienne. Il surfe sur la vague sans lâcher ses clients fidèles à Alger ou en Corse.
C’est l’époque où Agnès b. vend ses modèles de bleu de Chine l’Anti Cher dans sa première boutique parisienne (devenue culte), le petit uniforme modeste fait ses débuts dans la mode.
En 2010 l’Anti Cher est devenu complètement chinois mais sans plus trop de succès sur sa terre d’origine, il est alors racheté par le fils de l’importateur historique qui conserve le modèle et assure le suivi de sa fabrication comme à son origine.